Le Haïku

Le haïku est né du renga. Le renga est un poème collectif pratiqué au Japon depuis le VIIIème siècle. Chaque auteur successif y exprimait en un tanka qui est un poème complet en soi composé de deux versets (ou ku), le premier (appelé hokku), de 5-7-5 syllabes, et le second de 7-7 syllabes. Au VXème siècle apparaît le haïkaï qui est le premier verset du tanka. Ce petit poème de dix-sept syllabes (chiffre sacré) connaît une vogue extraordinaire au Japon à partir du XVIIème siècle; c’est beaucoup plus récemment qu’on le nommera « haïku».

Vous trouverez ici des perles ! Oui des perles à la saveur inégalable qui m'ont fait bien rire tant leur fraîcheur parfois colle à merveille avec le japon médiéval que j'apprécie tant. Profitez-en !

 

 

 

 

Rosée que ce monde-ci
Rosée que ce monde..,
Oui sans doute et pourtant... 

Issa

 

 

 

La rosée goutte à goutte des souillures d’ici-bas puissé-je me laver.

Basho

 

 

 

Mouillé par la rosée matinale je vais dans la direction que je veux.

Santoka

 

 

Ne possédant rien comme mon coeur est léger comme l’air est frais.

Issa

 

 

 

Dussent blanchir mes os jusques en mon cœur le vent pénètre mon corps.

Basho

 

 

 

Pas une mince affaire que d’être né homme crépuscule d’automne.

 

Issa

 

 

Une pierre pour oreiller j’accompagne les nuages.

Santoka

 

 

 

Je ne cesse de tousser personne

pour me taper dans le dos.

 

Santoka

 

 

 

Première neige

un sacré trésor

ce vieux pot de chambre.

Hiroshige — Ochanamizu

 

 

Le corbeau d’habitude je le hais mais tout de même... ce matin sur la neige...

 

Basho

 

 

 

C’est décidé je vais de ce pas m’enrhumer pour voir la neige.

Samyû

 

 

Ehbien! marchons

pour voir la neige jusqu’à tomber d’épuisement.

 

Basho

 

 

 

Au papillon je propose
d’être mon compagnon
de voyage.

Shiki

 

 

Pourquoi ne pas mourir

en mordant dans une pomme

face aux pivoines.

Shiki

 

 

 

Basho a écrit ce haïku

en écho à celui de Fûmo.

Oh une luciole qui vole je voulais crier « regarde! mais j’étais seul.

Taigi

 

 

Bouddha sur la lande
au bout de son nez un glaçon.

Issa

 

 

Il m’a semblé bien long
le rêve que j’ai fait.

Yagyu

 

 

 

Même poursuivi le papillon ne semble jamais pressé.

Garaku

 

 

 

Même mon ombre

est en pleine forme

premier matin de printemps.

Jissa

 

 

Une libellule sur mon chapeau en bambou je marche. Ah si tout le jour,

je me sentais aussi bien qu’au sortir du bain.

Ryôkan

 

 

 

Devant le volubilis il est homme à déposer son balai à terre.

 

 

 

 

Sur la grosse cloche un papillon dort profondément.

Buson

 

 

Le voleur a tout emporté sauf la lune

qui était à ma fenêtre.

Ryôkan

 

 

 

Je lève la tête l’arbre que j’abats comme il est calme.

 

Issekiro

 

 

 

Tout a brûlé heureusement les fleurs avaient achevé de fleurir.

 

Hokushi

 

 

Le saule peint le vent sans pinceau.

 

Saryu

 

 

 

Mouvements

du coeur

dans le frisson du saule.

 

Basho

 

 

 

Combien aimée l’odeur de la terre l’automne avec ses pins.

 

Sôseki

 

 

 

Pour chanter

le rossignol

n'ouvre qu’un petit bec.

 

Buson

 

 

Levant le doigt :

Homme,

Sois mais n'ai pas !

Gilles Demonte

eh ben oui ! Une rude inspiration que celle-là