Le rôle
et l’art du costume-
Si les paysans de l’ancien Japon portaient un costume extrêmement simple
et, comme nous dirions, fonctionnel, il n’en était pas de même des nobles et
des gens de cour dont une étiquette fort rigoureuse réglementait la garde
robe, celle-ci constituait en quelque sorte une carte d’identité précise qui
permettait, d’un coup d’œil, de déterminer a rang, parfois même la
fonction du noble seigneur ou de l’imposant guerrier qui l’arborait. Les
paysans étaient presque uniformément vêtus de bleu, de violet ou de rouge,
teintes extraites économiquement de diverses graines ou racines de plantes fort
communes. Sur un pantalon de toile ajusté à hauteur du mollet afin qu’il ne
gêne pas la marche ou les travaux dans la rizière, ils portaient une blouse
parfois recouverte d’une veste ou, en hiver d’une vaste cape de paille. De
paille également étaient faites les bottes que chaussaient les habitants des
régions aux hivers enneigés. Sur la tête, les gens du peule portaient une
sorte de bonnet de couleur noire. La plupart du temps ils allaient nu-pieds ou,
si la route était longue, ils disposaient de sandales de paille retenues par
une lien passé autour de gros orteil. Les socques de bois que nous connaissons
par les photos ou le cinéma n’étaient utilisés que lorsque la pluie
transformait les routes et les rues en bourbiers ; il convenait alors de
surélever la chaussure par ces deux plaquettes transversales qui nous
paraissent barbares mais sur lesquelles, avec un peu d’entraînement on
parvient à marcher. Les paysannes portaient quant à elles un costume qui n’a
que très peu changé si on le compare au costume japonais traditionnel d’aujourd’hui :
un kimono dont les pans sont croisés et retenus à la taille par une
ceinture ; parfois quand il y avait lieu de protéger le kimono, on
enfilait une sort de jupe que l’on fixait à la ceinture. Pour travailler aux
champs, homme et femmes, lorsque le soleil était ardent, réduisaient au
maximum leur costume et travaillaient torse nu. Par contre dans une société
aussi sévèrement hiérarchisée, les costume des nobles ou des fonctionnaires
témoignaient d’une recherche et d’un raffinement autrement complexes. D’une
manière générale, s’il était courant qu’un riche citadin confiât à son
costume le soin de suggérer son rang à la cou ou le degré de ses richesses, c’était
toujours. Avec un goût très sûr et un sens de l’esthétique bien propre à
cette nation dont les plus grands peintres ne répugnèrent jamais à tracer de
quelques coups de pinceaux le vol d’un oiseau ou les branches tourmentées d’un
pin sur le kimono de soie fine d’un dignitaire de la cour. Voici par exemple
ce que fut le costume d’un dignitaire japonais du XIIème siècle – un édit
datant de 1212 fut tout spécialement promulgué pour définir en détail les
normes de ces tenues de cérémonie. Sur un, ou plusieurs pantalons très
larges, les hommes enfilaient de nombreuses robes de dessous, à manches
courtes, et de dessus, à manches longues ; cela dépendait du rang et de
la saison : l’hiver, le nombre des robes était plus nombreux et
celles-ci plus soigneusement doublées, voire ouatinées. En été, on diminuait
le nombre de le poids de ces volumineuses parures qui les jours de cérémonie,
devaient obligatoirement comporter une traîne blanche, parfois doublée de soie
colorée. Dans la maison ou la palais, pour ne pas endommager les tatamis, l’homme
quittait ses chaussures, sortes de socques fermés semblables à des sabots et
doublés de ouatine, il tirait un peu sur les pantalons et glissait ses pieds à
l’intérieur afin de ne pas les mettre en contact avec le sol : le bas du
pantalon servait alors de pantoufles d’intérieur.
Les robes-
Il n’en allait pas de même des robes : soigneusement
définies en fonction de l’appartenance à l’un ou l’autre des dix rangs
de noblesse. Seuls les membres des cinq premiers rangs appartenant à la
noblesse dite de cour, avait couramment accès à la salle d’audience
impériale et voyaient leurs enfants admis à l’université. L’un des
personnages des romans de cette époque se lamente fréquemment sur la couleur
verte de sa robe qui est celle du 6ème rang auquel il appartient.
Notons en passant que les détails les plus insolites ; en dehors de la
tenue vestimentaire, étaient régis par une étiquette impitoyable et parfois
indiscrète. A la hauteur du portail de sa demeure et au style du carrosse que
possède un seigneur on peut connaître son rang, de même qu’il suffit de
jeter un coup d’œil appuyé sur son éventail pour compte les plis de cet
important accessoire et en savoir long sur son propriétaire. 25 plis le
classent dans les trois premiers rang, 23 le relèguent au 4ème et
douez le précipitent vers l’humiliation des 6 dernier rangs. Définie au
départ par la naissance, cette hiérarchie s’assouplira par la suite et il
sera possible de gravir un échelon ou deux vers les rangs supérieurs pour
services rendus à l’empereur.
Le chapeau-
C’est l’accessoire que les hauts dignitaires ne
quittaient presque jamais il renseigne sur le rang de celui qui le porte :
c’est la chapeau de soie laquée ou kammuri. Enserrant le front, il se
compose d’une calotte assez étroite munie à l’arrière d’un sorte de
tube à l’intérieur duquel on enferme la touffe de cheveux du dessus de la
tête. Deux queues plates, souvent tressées en crins de cheval, sont fixés à
l’arrière de la calotte. Dans certains cas on les laisse pendre dans le dos,
parfois elles sont fixées au tube vertical. Il était fort inconvenant qu’un noble
japonais fut aperçu sans son kammuri. Il lui arrivait de la conserver
pour dormir, le petit oreiller de bois permettant de maintenir en équilibre ce
délicat échafaudage. Là encore, c’est la couleur qui détermine le rang, et
vice versa ; en partant du sommet de la hiérarchie on passait du violet
foncé et clair au vert foncé et clair, puis au raisin foncé et clair pour
arriver au noir tout au bas de l’échelle.
Les nobles n’avaient grand chose d’autre à faire que
leur toilette pour laquelle ils pouvaient passer des heures entières chaque
jour.